mai 18, 2024

MONDE – Les enjeux du Sommet Italie – Afrique 2024

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Les 28 et 29 janvier 2024, l’Italie présidait et accueillait à Rome le Sommet Italie-Afrique, « Un pont pour une croissance commune ». Lors de cet évènement, le gouvernement italien affirme son intention de créer un nouveau partenariat avec l’Afrique et annonce un plan de 6 milliards de dollars pour renforcer ses liens avec celle-ci.

L’énergie et l’immigration au cœur des préoccupations

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, les représentants de 25 pays africains, la première ministre italienne, Georgia Meloni, le président italien, Sergio Mattarella, étaient tous au rendez-vous. Les représentants des agences des Nations unies, ceux du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et du Programme alimentaire mondial (PAM) étaient aussi présents. Les présidents des institutions européennes, dont Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Charles Michel, président du Conseil européen, et Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, étaient également au rendez-vous. Ceux-ci étaient réunis pour discuter du développement de l’Afrique.

Ce sommet s’est notamment concentré sur les thèmes de l’énergie et de l’immigration. Lors de son allocution au Sommet Italie-Afrique 2024, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, mentionne l’importance d’une coopération juste et productive avec l’Afrique. Il souligne aussi les prises de position de l’Italie en faveur d’un changement de paradigme en matière de partenariat avec l’Afrique.

Il émet également deux principes importants favorisant un partenariat efficace entre l’Italie et l’Afrique, dont le principe de la liberté. Celui-ci touche la liberté du choix du partenaire afin d’entretenir et d’échanger avec plusieurs partenaires, et ce, sans imposition. Le second principe réside dans les avantages réciproques et un rapport équilibré. Cependant, Mahamat a émis certaines réserves concernant l’adoption du plan Mattei. Celui-ci aurait aimé être consulté avant son adoption.
Au même moment, il affirme la volonté du peuple africain à faire des échanges avec l’Italie dans la mesure où elle respecte ses promesses et ses engagements envers les Africains.

Le plan Mattei : plus qu’ambitieux
Le plan Mattei porte le nom d’Enrico Mattei, le fondateur du groupe énergétique italien ENI. Celui-ci a été présenté en septembre 2023 à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU) et il a été ratifié le 10 janvier devant le Parlement italien. Le plan Mattei vise à créer des emplois et des occasions en Afrique afin de dissuader les jeunes d’entreprendre de dangereuses migrations sur la mer Méditerranée. Le plan veut « s’attaquer aux facteurs incitatifs menant les migrants à quitter leur pays et persuader les pays d’origine de signer des accords de réadmission pour les migrants déboutés ».

Le plan Mattei comprend des projets pilotes dans des domaines tels que l’éducation, les soins de santé, l’eau, l’assainissement, l’agriculture et les infrastructures énergétiques. Il s’agit également d’un programme de coopération axé sur l’énergie. En d’autres mots, il s’agit d’un programme d’investissements et de partenariats variés. Il vise les secteurs de l’agroindustriel, le transport et les infrastructures, notamment l’énergie. Il touche aussi l’adaptation au climat et le développement de l’énergie propre en Afrique.

L’un des objectifs sous-entendus est de sécuriser l’approvisionnement de l’Union européenne en produits énergétiques. Il s’agit aussi de contrer les migrations illégales. Le plan a été vivement critiqué depuis son adoption et a soulevé des inquiétudes auprès d’organisations non gouvernementales (ONG) italiennes et internationales. Finalement, le plan Mattei envisage des partenariats commerciaux entre l’Italie et l’Afrique.

Des partenariats commerciaux variés

L’Italie entretient des relations commerciales avec l’Afrique depuis plusieurs années, entre autres, avec l’Égypte, le Mozambique ainsi que l’Algérie. Dans sa stratégie, les liens commerciaux entre l’Italie et l’Afrique se concentrent sur les secteurs prioritaires de la formation, de l’éducation et de la qualification professionnelle ainsi que sur la construction d’un réseau d’entreprises locales. Selon les données produites en 2020, les échanges commerciaux entre l’Italie et l’Afrique représentent 16 257 millions d’euros.

Les principaux produits italiens exportés en Afrique sont les machineries et appareils n.c.a., qui représentent 9,0 % des exportations totales en Afrique. Tandis que le Coke et les produits raffinés dérivés du pétrole représentent 5,0 % de l’exportation totale en Afrique. Il y a aussi les métaux de base et produits de métaux, machines et usines exclues, qui représentent 4,4 % de l’exportation totale en Afrique. Les autres produits italiens exportés en Afrique sont les substances et produits chimiques, les appareils électriques, les moyens de transport, les produits textiles, vêtements de cuir et accessoires.

Les principaux produits africains importés par l’Italie sont les produits de l’extraction de minéraux des caves et mines, qui représentent 14,6 % de l’exportation totale en Afrique. Il y a aussi les métaux de base et produits en métaux, machines et usines exclues à une hauteur de 5,1 % ainsi que les produits textiles, vêtements, cuir et accessoires représentant 2,5 % de l’exportation totale en Afrique. Pour finir, la présence italienne en Afrique est représentée par 1 740 entreprises comptant 75 703 employés et un revenu total de 25,8 milliards d’euros. En 2017, ces entreprises occupent les secteurs énergétiques, du bâtiment, des transports, de la logistique et de la mécanique.

L’Italie entend jouer un rôle majeur pour la collaboration entre les continents afin de régler des questions relatives à la coopération et au développement avec les pays africains. Elle souhaite s’imposer comme un partenaire crédible et fiable en Afrique, en marge des autres pays européens déjà présents sur ce continent. Une question demeure toujours à la suite du Sommet Italie -Afrique : est-ce que l’Italie sera en mesure de coopérer d’égal à égal avec l’Afrique et de tenir ses promesses?

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