octobre 19, 2024

CÔTE D’IVOIRE – L’opposition en quête d’union en vue de la présidentielle de 2025

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Selon diverses sources, des discussions seraient engagées entre la formation politique de l’ex-président Laurent Gbagbo avec celles de Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, Simone Ehivet Gbagbo et Tidjane Thiam. L’opposition ivoirienne réussira-t-elle à former un front commun ?

En conférence de presse mardi 13 août, à son nouveau siège flambant neuf de Cocody, le président exécutif du le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Sébastien Dano Djédjé, a annoncé avoir engagé en toute « discrétion », depuis le 20 juillet, des discussions avec les principales forces politiques de l’opposition et une vingtaine de micro-partis dans la perspective de la prochaine présidentielle d’octobre 2025. Selon M. Dano Djédjé, « presque tous les responsables rencontrés ont donné leur accord de principe ou leur accord total » à un projet d’union, avec pour seul objectif : « Tout faire pour que le pouvoir du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ne soit plus là en 2025 ».

Une initiative qui fait suite au meeting tenu par Laurent Gbagbo, le 14 juillet, à Bonoua (sud-est), fief de son ex-femme Simone Ehivet Gbagbo. Dans son discours, l’ancien chef de l’Etat avait lancé « un appel à toutes les forces politiques, à tous ceux qui, comme nous, pensent que ce gouvernement ne doit plus être là ». « J’ouvre mes bras, avait-il ajouté, et j’appelle mes collaborateurs à accepter de discuter avec tous ceux qui veulent nous rejoindre dans ce combat. » Une ambition jugée irréalisable par le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani.

Le premier à répondre favorablement à Laurent Gbagbo a été Guillaume Soro, son ex-premier ministre, mais surtout ancien chef de la rébellion en exil depuis 2019. « Nous nous déclarons prêts, a annoncé Guillaume Soro le 9 août dans un communiqué, à engager des discussions pour définir les modalités d’une collaboration sincère avec le PPA-CI ainsi qu’avec toutes les forces politiques de l’opposition qui jugent nécessaire de rétablir la pleine éligibilité de nos leaders et concourir à l’obtention d’élections transparentes et libres. »

Vers une alliance stratégique ?

Un aspect important rapproche le PPA-CI de Générations et peuples solidaires (GPS) de Guillaume Soro : l’inéligibilité de leur chef de file respectif, tous deux radiés des listes électorales après des condamnations judiciaires. Pour Moussa Touré, responsable de la communication de GPS, le constat est unanime : « Nécessité fait loi. Les autres leaders n’ont pas ce handicap. Il était donc évident que nous nous associions avec le PPA-CI pour mener ce combat particulier, dans le vaste ensemble des forces de l’opposition qui se battra pour obtenir la transparence, l’équité et l’inclusivité pour la présidentielle de 2025. »

Le 9 août dernier, onze partis d’opposition, parmi lesquels figuraient le PPA-CI et GPS, mais aussi le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dirigé par Tidjane Thiam, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), dirigé par Charles Blé Goudé, et le Mouvement des générations capables (MGC), dirigé par Simone Ehivet Gbagbo, ainsi que deux organisations de la société civile, ont donné un point de presse commun au siège du PDCI, à Cocody. Un rassemblement inédit, destiné à réclamer, d’une même voix, des réformes du système électoral et un dialogue politique inclusif avant la prochaine échéance présidentielle.

Après une brève introduction du vice-président du PDCI, Georges-Philippe Ezaley, qui a estimé que le parti hôte « ne pouvait être absent au Rassemblement de partis politiques ivoiriens et de la société civile, quels que soient nos différents bords politiques », l’ex-première dame Simone Ehivet Gbagbo avait lu la déclaration commune du collectif nouveau-né, qui s’est donné deux objectifs : « afficher ensemble notre volonté commune de construire un groupement uni et solide » et « affirmer notre désaccord relatif au processus électoral tel qu’engagé actuellement ».

Le collectif a jugé insuffisante la période du 30 septembre au 31 octobre prévue par la Commission électorale indépendante pour mener une révision de la liste électorale. L’opposition demande que l’opération soit étendue jusqu’à juillet 2025, faute de quoi, a alerté Mme Ehivet Gbagbo, se « projette déjà le spectre d’une autre crise électorale aux conséquences imprévisibles en Côte d’Ivoire ».

« S’unir ou périr »

La forme que prendra cette future union est encore floue. Alliance électorale, coalition ? « Elle sera déterminée de façon consensuelle, selon Habiba Touré, la porte-parole du PPA-CI. Il y a forcément une diversité dans cette opposition, nous n’avons pas la même idéologie et nous ne sommes pas d’accord sur tout. Mais l’important, c’est que nous partageons le même constat sur les défaillances du système électoral et les améliorations à apporter pour prévenir toute crise. » L’ancien parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), désormais aux mains de Pascal Affi N’Guessan et allié au RHDP, n’a pas signé la déclaration commune, mais a envoyé un représentant.

Pour le politologue Geoffroy-Julien Kouao, « à quatorze mois de la présidentielle, l’opposition n’a pas le choix : s’unir ou périr », estimant que seule cette union « peut créer une nouvelle dynamique ». Si une candidature unique semble hautement improbable, il est possible en revanche qu’elle aboutisse à un report de voix, en cas de second tour, pour soutenir le candidat de l’opposition face à Alassane Ouattara ou au candidat RHDP.

Avec Jeune Afrique

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