octobre 18, 2024

IRAN – Décès du président Ebrahim Raïssi dans le crash de son hélicoptère

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FILE- Iranian President Ebrahim Raisi places his hands on his heart as a gesture of respect to the crowd during the funeral ceremony of the victims of Wednesday's bomb explosion in the city of Kerman about 510 miles (820 kms) southeast of the capital Tehran, Iran, Jan. 5, 2024. A helicopter carrying Iranian President Ebrahim Raisi suffered a “hard landing” on Sunday, May 19, 2024, Iranian state television reported, without immediately elaborating. (AP Photo/Vahid Salemi, File)

Le président iranien est mort dans le crash de son hélicoptère au nord-ouest du pays dimanche 19 mai, dans une région montagneuse et des conditions météo exécrables. Le gouvernement iranien a finalement confirmé ce lundi matin le décès du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère. «Le président du peuple iranien, travailleur et infatigable, […] a sacrifié sa vie pour la nation», a réagi le gouvernement. «Nous assurons à la nation loyale que, avec l’aide de Dieu et le soutien du peuple, il n’y aura pas la moindre perturbation dans l’administration du pays», a-t-il ajouté.

Plusieurs médias iraniens et le vice-président Mohsen Mansouri, sur X (ex-Twitter), avaient annoncé plus tôt ce lundi la mort du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian dans l’accident la veille de leur hélicoptère dans le nord-ouest de l’Iran. L’information a été notamment donnée par l’agence Mehr et le journal gouvernemental Iran Daily, dans l’attente d’une déclaration des autorités après la découverte de l’épave de l’hélicoptère à l’aube.

Plus tôt dans la nuit, la télévision d’Etat informait que les secours n’avaient détecté «aucun signe» de vie humaine dans l’appareil qui s’est écrasé dimanche dans le nord-ouest de l’Iran. Quelques heures avant, le média annonçait que l’hélicoptère avait été retrouvé. Mais aucune information n’avait filtré sur le sort du Président et des autres passagers, alors que la nuit et des conditions météorologiques aggravées, la pluie venant s’ajouter au brouillard épais, compliquaient les recherches. Les débris de l’hélicoptère ont été repérés sur le flanc d’une montagne contre lequel il s’est écrasé, selon une photo du lieu publiée par les médias. «L’hélicoptère du Président a été localisé. Les secours s’approchent du site du crash. […] La situation n’est pas bonne», a déclaré le chef du Croissant-Rouge, Pirhossein Koolivand, vers 4 h 30 (heure française).

Région escarpée

Les opérations de recherche duraient depuis déjà plusieurs heures, non loin de la frontière azerbaïdjanaise. Toutes les ressources de l’armée iranienne ainsi que des gardes révolutionnaires ont été mobilisées par le chef d’état-major de l’armée, le général Mohammad Bagheri, pour localiser le site de ce que les médias d’Etat iraniens qualifient désormais de «crash», après avoir pendant plusieurs heures parlé d’«atterrissage d’urgence».

Le président iranien Ebrahim Raïssi voyageait dans un hélicoptère, avec son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, le gouverneur de la province et le principal imam de la région. Deux autres hélicoptères, qui faisaient partie du convoi présidentiel, ont atterri sans encombre à Tabriz, grande ville du nord du pays, dimanche dans la matinée. Le troisième appareil n’a jamais atteint sa destination.

A mesure que les heures avançaient, l’espoir de retrouver les passagers vivants s’amenuisait, alors que les températures attendues dans la nuit devraient descendre au-dessous de 0°C. Un officiel iranien a indiqué à l’agence Reuters que les vies des passagers étaient «en danger». «Nous espérons encore, mais les informations qui nous proviennent du lieu du crash sont très inquiétantes.» Dimanche en début de soirée, les sauveteurs n’avaient toujours pas pu atteindre le lieu du crash, situé dans une région escarpée et loin de routes praticables.

Ali Khamenei appelle les Iraniens à «ne pas s’inquiéter»
Dimanche soir, un officiel a pourtant indiqué sur la télévision d’Etat iranienne, selon Sky News, qu’un contact avait pu être établi avec un membre de l’équipage, sans plus de précisions. En début de soirée, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé les Iraniens à «ne pas s’inquiéter» pour le pays. «Le peuple iranien ne devrait pas s’inquiéter, il n’y aura pas de perturbation» pour le pays, a-t-il prévenu, en ajoutant «espérer que Dieu ramènera le président et ses compagnons dans les bras de la nation». «Priez tous pour la santé de ces serviteurs», avait-il ajouté dans un discours devant des familles de membres des Gardiens de la révolution.

Le président Ebrahim Raïssi, 63 ans, était le deuxième personnage de l’Etat, après le guide suprême Khamenei, et était perçu comme un potentiel successeur de l’ayatollah, âgé de 85 ans.

Tous les programmes de la télévision d’Etat ont été suspendus et ne diffusaient plus que des images de prières dans des mosquées pour le Président ainsi que celle des équipes de recherche. De longues heures après l’annonce de l’accident, aucun signe de l’hélicoptère n’avait été localisé et les médias insistaient de plus en plus sur un accident provoqué par des «conditions météorologiques défavorables», dont un épais brouillard et le lieu de l’accident, très isolé et qui rend toute communication difficile, comme l’a souligné le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmed Vahidi, qui s’est exprimé à la télévision d’Etat.

Dimanche en début d’après-midi, des responsables et médias officiels iraniens avaient indiqué que des recherches étaient en cours dans le nord-ouest de l’Iran pour retrouver l’hélicoptère transportant le président Ebrahim Raïssi, victime d’un «accident». Après quelques heures laissant planer le doute sur la présence du président dans l’hélicoptère disparu, les médias d’Etat, dont l’agence de presse officielle Irna, ont confirmé sa présence à bord de Raïssi ainsi que d’autres dignitaires.

Une visibilité très réduite
«Cela peut prendre du temps pour atteindre la zone de l’hélicoptère», avait précisé le ministre de l’Intérieur, alors que la télévision d’Etat iranienne évoquait une «zone difficile d’accès». Elle a également diffusé des images de sauveteurs du Croissant-Rouge iranien, noyés dans la brume, en route vers le lieu supposé de l’accident. La visibilité dans la région ne dépassait alors pas les 5 mètres. «Plus de 20 équipes de secours dotées d’un équipement complet, notamment de drones et de chiens de sauvetage» ont «été envoyées sur place», selon l’agence Irna. Le Croissant-Rouge iranien a indiqué avoir perdu la trace de trois de ses sauveteurs.

La zone où s’est produit l’accident se situe dans la forêt de Dizmar, dans la région de Jofa, dans la province occidentale de l’Azerbaïdjan oriental, une zone montagneuse escarpée, couverte de forêts, à environ 600 kilomètres au nord-ouest de Téhéran. Le convoi de trois appareils s’était rendu dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental, où le président Raïssi a notamment inauguré les barrages de Qiz Qalasi et Khodaafarin en compagnie du président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays. Le convoi présidentiel se dirigeait vers la ville de Tabriz, au nord-ouest de l’Iran, lorsque l’accident s’est produit, selon des médias locaux.
L’Irak a proposé son aide «dans la recherche de l’appareil du président iranien», ainsi que l’Arabie Saoudite et la Turquie. L’UE, de son côté, a annoncé qu’elle «active son service de cartographie» pour aider l’Iran à trouver l’hélicoptère de Raïssi. Le satellite Copernicus permet d’offrir des cartes précises pour localiser l’appareil où se trouvait Raïssi. Janez Lenarcic, chargé au sein de l’UE du management des crises, a précisé que l’activation de Copernicus l’avait été après une demande d’assistance de l’Iran.

Mohammed Mokhber, président par intérim
La télévision d’Etat a également diffusé des images de fidèles en train de prier pour la santé du Président dans plusieurs mosquées, dont celle de la ville sainte de Machhad (nord-est). Le vice-président, Mohammad Mokhber, avait quitté Téhéran en fin d’après-midi pour rejoindre Tabriz en compagnie de plusieurs ministres, selon le porte-parole du gouvernement. C’est désormais à lui que revient d’assumer la fonction présidentielle par intérim.

Lors de l’inauguration des barrages, au cours d’une conférence de presse avec son homologue azerbaïdjanais, le président Raïssi avait à nouveau apporté son soutien aux Palestiniens dans la guerre dans la bande de Gaza entre le Hamas et Israël. «Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman, et nous sommes convaincus que les peuples d’Iran et d’Azerbaïdjan soutiennent toujours les peuples de Palestine et de Gaza et détestent le régime sioniste», avait-il déclaré.

Le 13 avril, l’Iran avait lancé une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart avaient été interceptés avec l’aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.

L’évolution de la situation était suivie avec attention à l’international, notamment aux Etats-Unis, qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’Iran. «Nous suivons de près les informations faisant état d’un possible atterrissage brutal d’un hélicoptère transportant le Président et le ministre iranien des Affaires étrangères», a indiqué un porte-parole de la diplomatie à Washington.

Elu sans véritables concurrents
Ebrahim Raïssi, un ayatollah de 63 ans, était président de la république islamique depuis juin 2021. Ultraconservateur, il avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d’un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l’absence de concurrents de poids. Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d’un long manteau de religieux, il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l’avait battu à la présidentielle de 2017 et ne pouvait plus se représenter après deux mandats consécutifs.

Raïssi était sorti renforcé à l’issue des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la république islamique. Depuis cette date, la répression n’a pas cessé, contre les femmes qui refuseraient de couvrir leurs cheveux, mais aussi contre les opposants et la moindre manifestation de désaccord avec le pouvoir.

Né en novembre 1960 dans la ville sainte chiite de Machhad (nord-est), Ebrahim Raïssi a effectué l’essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général de Téhéran puis procureur général du pays, sans avoir jamais étudié le droit. Il figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour «complicité de graves violations des droits humains», des accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran.

Liberation.fr

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